d'avoir tant vu la rive
Gloria Lazarre,
ce sera peut-être comme ça, à l'ouverture de mes paupières
le jour où on parlera assis sur nos histoires
en on ne confondra pas
profond et lourd
répéter et ressasser
lâcher et perdre
suspendre et arrêter
recevoir et remplir
et on confondra
rire et pleurer
jour et nuit
l'orange et l'amer
le souvenir et la projection
mes mots et les tiens
ce jour-là me manque,
c'est bien.
Rudiments, sels, fonds.
Épuisé je cherche à travers les corps
les gens s'éloignent et je les oublie
ça m'arrache des plumes à chaque fois
comme celle dont je ne sais plus qu'une chose
ou cet autre dont je ne sais plus le nom
sur ma peau il y a des centaines de petites cicatrices, des brûlures
de quand je vivais dans le sol
elles aussi
elles disparaissent
je rêve d'un télescope géant en poussière de lune
d'une peau noire sous un masque d'écaille
d'un moment où on se dit tout
Et le bruit ne dit rien du souvenir
Pas plus que les vitres ne nous éloignent
Et lorsque tes doigts tente de retenir le temps qui se déforme ça n'est pas pour le garder, mais pour lui interdire de devenir intolérablement immense. Là, tu sais bien tout comme moi que gloria te questionne aujourd'hui autant qu'avant, et pour toujours. C'est pour tuer l'ennui
Viens donc te baigner
Virgule
J'efface toujours tout, Gloria.Je finis toujours
Les anneaux sont là pour nous rappeler nos voyages
Gloria,
j'entends ta musique de quelque part, je me dis que c'est toi, alors je sors sur les ponts, et je contemple les débris qui flottent. Parmi eux, un grille-la-fin de l'époque de nos anciennes tailles, les instruments de musique côtoient les instruments de torture, des boites transparentes pour les corps bien conservés, et d'autres souvenirs ensanglantés de la petite mère.
Tu n'es pas perdue si tu produis encore ce son déchirant et beau, comme une voix en liaison avec l'Air, une chanson de la fin des temps, je n'ai qu'à la suivre, et dans quelques instants je te retrouverai.
Quelques instants seulement.